Si le prix Nobel de la paix est une institution habituellement reconnue et respectée, celle-ci est aujourd’hui entachée de sang avec un relent d’odeur de controverse. Aung San Suu Kyi, l’actuelle présidente birmane élue démocratiquement en 2016 par des élections toutefois organisées par l’armée au pouvoir depuis cinq décennies, n’a pas encore dénoncé le nettoyage ethnique commis contre la minorité musulmane de son pays: les Rohingyas. Problème: « The Lady » s’est vu la dictature militaire de son pays.
Depuis son élection, celle-ci doit composer avec l’armée susceptible de reprendre le pouvoir à tout moment, détenant 3 ministères majeurs (la défense, les affaires intérieures, les questions frontalières) mais également un quart des sièges au parlement birman.
Dès 2016, l’ONU et l’ONG ont tiré la sonnette d’alarme sur le nettoyage ethnique des Rohingyas. Aung San Suu Kyi fera non pas figure d’opposition à ce massacre mais bel et bien figure de passivité, tout en osant désigner cette affaire comme un simple et complotiste « iceberg de désinformation ».
L’armée birmane évoque 400 morts tandis que l’ONU en évoque son double: sans oublier que près de 400 000 Rohingyas ont fui la Birmanie, la mort à leurs trousses, dans des conditions misérables. Soulignant et dénonçant non pas le nettoyage ethnique en lui-même mais la « désinformation » qui entoure ce massacre, Aung San Suu Kyi est une représentation de l’illusion; de l’ignorance occidentale voyant la Birmanie, pays où l’armée birmane a encore une influence majeure, comme un pays exotique, le pays des paysages verdoyants ponctués de statues dorées découlant de la religion bouddhiste enracinée dans ce pays, religion que l’on pense incapable d’être le point de départ de telles violences.
Le prix Nobel de la paix est-il également une représentation des travers de la société occidentale, de son hypocrisie?
Créée en 1901 et organisé par le comité Nobel norvégien, ce prix peut servir de formidable influence politique comme créer des contestations indéniables. En réponse à la pétition « reprenez le prix Nobel de la paix d’Aung San Suu Kyi » circulant actuellement sur divers réseaux sociaux et ayant déjà recueilli plus de 364 000 signatures, le secrétaire du comité organisateur, Olav Njostad, a souligné un fait non négligeable: il est impossible qu’un prix Nobel que ce soit dans les quatre différents domaines (physique, chimie, médecine et paix) ne soit retiré à son destinataire.
Le comité du prix Nobel de la paix peut se targuer d’avoir récompensé des personnalités flamboyantes qui ont oeuvré à un monde meilleur tels que Martin Luther King lauréat en 1964, Nelson Mandela lauréat en 1993 mais encore Woodrow Wilson lauréat en 1919. Il n’en est pas moins que certains lauréats du prix Nobel de la paix n’ont purement et simplement rien à faire sur cette liste, tel que Barack Obama, le président américain à détenir le record de la période de guerre la plus longue de l’histoire américaine (entre autre polémique).
Le prix Nobel de la paix semble aujourd’hui être une hypocrisie occidentale: l’Occident s’auto-congratulant, lors d’une cérémonie dorée, de leur volonté à rendre un monde meilleur, peut être pour soulager leur conscience, ou par simple ignorance du monde qui les entoure. Ou serait-ce encore une fois la nature de l’Homme et son rapport avec la puissance qui rend impossible la légitimité d’un tel prix?
Barack Obama a souligné une vérité déchirante, y compris pour le plus optimiste d’entre nous, lors de sa cérémonie de remise de prix Nobel de la paix: « L’humanité doit réconcilier deux vérités en apparence irréconciliables: que la guère est parfois nécessaire, et qu’elle est aussi, à un certain niveau, l’expression de la folie humaine ».
Prix Nobel de la paix, symbole de l’hypocrisie occidentale ou reflet de la folie de l’Homme et de celle du monde dans lequel on vit? Devrait-il être supprimé, ou a-t-il encore une légitimité intacte? »
Laurine Miche
StudentNote 
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