Alors que le Yémen vit « la pire crise humanitaire du monde » d’après l’Organisation des Nations Unies, cette dernière a le 21 décembre validé un accord de trêve internationale à Stockholm entre le gouvernement yéménite et les forces houthistes devant mettre en place un cessez-le-feu dans la zone portuaire stratégique de Hodeida où transite l’ensemble des aides humanitaires et le trafic commercial. Néanmoins l’attaque au drone des rebelles houthistes en ce début d’année 2019, contre une base militaire yéménite vient remettre en cause l’accord de cessez de feu. Depuis 2014, l’instabilité politique, la guerre civile et régionale, ainsi que la crise humanitaire dont sont victimes les civiles conduisent à l’effondrement de l’État.
En 2011, le Printemps arabe frappe de nombreux pays du Maghreb tels que la Tunisie, l’Égypte, la Libye ou encore le Yémen. Ce printemps arabe va provoquer un effondrement des dictatures politiques au pouvoir installant une démocratie pour certains, ou creusant une instabilité civile, politique et économique pour d’autres. Au Yémen le président au pouvoir Ali Abdallah Saleh est contraint à la démission et est remplacé par son vice-président, Abdrabbo Mansour Hadi pour une durée de mandat de 2 ans, toute fois il y’a une mauvaise structure du pouvoir et Hadi gouverne plus longtemps puis décide de s’exiler en Arabie saoudite. Durant cette instabilité politique, dans la région du Saada, les Houthistes, une branche minoritaire de l’Islam chiite issue de la guerre du Saada, en profite pour revenir sur le devant de la scène politique et militaire; aidés par les milices Pro-Saleh, les houthistes contrôlent progressivement la partie nord du Yémen, aboutissant à un quasi-contrôle du Yémen.
L’exil ou l’expulsion de Hadi de la capitale Sanaa, pousse l’Arabie Saoudite à intervenir militairement contre les houthistes, craignant une alliance de ces derniers avec l’Iran. Salmane ben Abdelaziz entend bien contrer l’influence de l’Iran au Moyen-Orient craignant une expansion iranienne. Ryad voit dans les mouvements houthistes, le port d’arme de l’Iran au Yémen à la frontière de l’Arabie Saoudite. À l’inverse l’Iran ne dit n’avoir aucun intérêt de jouer un rôle au Yémen si ce n’est interférer dans les affaires saoudiennes à moindre coût, mais un rapport de l’ONU indique que les rebelles houthistes disposent d’armes au caractère similaire à l’armement iranien. Pour contrer l’insurrection chiite houthistes, et remettre en place une stabilité politique, l’Arabie saoudite mise en 2015, sur l’opération « Tempête décisive » soutenue par l’ONU, apparaissant ainsi une coalition de pays arabes sunnites. On retrouve donc les frappes aériennes de l’AS, et au sol les mouvements yéménites soutenant le gouvernement exilé.
L’insurrection djihadiste au Yémen quant à elle cherche à tirer son épingle du jeu et accentuer l’instabilité politique et militaire du pays. Bien que pèse une lutte des États Unis, soutenus par l’AS, contre l’AQPA (Al Qaida dans la péninsule Arabique) à travers la multiplication des frappes, il apparaît un jeu trouble dans le rôle de Washington contre cette menace. Selon une enquête de l’Associated Press, l’AQPA, les États Unis et les Émirats arabes unis (EAU) ont pour même objectif de mettre un terme aux mouvements houthistes et d’empêcher l’expansion iranienne. En ce sens l’accomplissement de ces objectifs prime pour les Émirats arabes unis (EAU) et l’Arabie Saoudite sur la stabilité du Yémen et la lutte contre Al Qaida. Ainsi il apparaît une alliance entre l’AQPA et les États Unis à travers l’EAU et le royaume d’AS.
Il reste néanmoins évident que les civils sont les plus touchés par cette guerre. D’après un rapport de l’ONU, on considère que les parties du conflit auraient commis des « crimes de guerre ». On estime ainsi que les bombardements de Ryad ont causé plus de victimes directes, en touchant notamment des points clés de la population mais qu’à l’inverse les rebelles houthistes quant à eux serait coupables de tortures envers leurs otages d’après l’ONGI Human Right Watch. Cette guerre n’aurait pas fait plus de 10 000 morts mais bien des centaines de milliers de milliers d’après de nombreux spécialistes. Il faut ajouter à ce nombre plus de 20 millions de personnes en assistance humanitaire, ainsi que plus de 16 millions de personnes en assistance d’eau, de plus il apparaît une question des maladies qui alourdissent le nombreux de victimes. Le commerce bloqué par le blocus houthiste, voit émergé un arrêt du fonctionnement de l’Etat et une augmentation de l’économie de guerre. Avant cela l’exportation yéménite représentait 90% de nourriture et de médicaments.
La guerre menée au Yémen par l’Arabie Saoudite depuis maintenant 4 ans n’a apporté ni stabilité politique, militaire ou économique, ni la sécurité recherchée, toute fois elle a dégradé l’image du pays sur la sphère internationale. Le journaliste Jamal Khashoggi assassiné en 2018 sur l’ordre de l’héritier de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, estimait que l’Arabie Saoudite devait « mettre fin à la guerre au Yémen ». La critique de la politique de l’Arabie saoudite en Orient a surement pu couter la vie de Jamal Khashoggi mais mais cela a permis de mettre en avant la crise importante dont est victime le Yémen aujourd’hui.
Rayan Gadacha
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