La Chine de Xi Jinping : le choc idéologique face à l’Occident

Ce mardi 24 octobre 2017, le 19ème Congrès du Parti Communiste Chinois élisait les 205 membres du Comité central, inscrivant par la même « La pensée de Xi » au cœur de la charte du Parti. 

L’idée était de prôner la renaissance Chinoise, créer une nouvelle ère de stabilité, assurer le maintien de l’idéologie du PCC en opposition à la potentielle emprise occidentale. 

Xi Jinping devient alors le maître idéologique et politique absolu du PCC, de ses 89 millions d’adhérents et d’une Chine aux ambitions colossales. C’est le seul après Mao Zedong à avoir ancré sa pensée dans les textes de la charte. 

Le fils de révolutionnaire se veut porteur du nouvel édifice socialiste Chinois érigé pour les trente voir les cinquante prochaines années. 

Dès les années 1970 l’ouverture de la Chine au monde, bien que produite de manière exponentielle, s’est manifestée timidement sur l’échiquier mondial n’assurant pas de position impérialiste propre aux grandes puissances occidentales.

Depuis les années 1920, l’idéologie a toujours été le ciment entre les politiques nationales, étrangères et économiques du pays. L’idéologie dirigeait, donnait un axe à celles-ci et savait se couper des autres courants de pensée. C’est pourquoi Weber pensait que le capitalisme n’avait pas eu de retentissement en Chine. 

Une des limites idéologiques Chinoise est le confucianisme. 

Après avoir connu un certain essor, il a été mis de côté jusqu’à les années 1980, simultanément à l’avènement de l’économie socialiste de marché. En fait, l’idéologie confucianiste devient l’essence même du développement Chinois. 

Le confucianisme est un enseignement propre à l’art de gouverner un pays et soi-même tout en conservant les rites propres aux hommes. Au regard des logiques impériales du temps de Confucius (-221 avant J-C), ses pensées sont rapidement apparues comme concomitante au destin impérial Chinois. Son idéologie transcende ainsi l’identité Chinoise. Pendant le XXème siècle le confucianisme s’est vu comme un obstacle à la modernisation. 

Les années 80 ont été effectivement marquées par l’apparition des quatre dragons, et donc d’une Chine en position défavorable au-devant de la scène régionale asiatique surtout face au Japon. 

Ainsi le retour à l’idéologie a dû se réaliser dans des contextes bien précis. 

D’abord la guerre froide a révélé les défaillances du communisme et du modèle soviétique. A côté de cela les crises des années 70 en commençant par celle du système monétaire international, a semblé prouver que les sociétés occidentales capitalistes pouvaient décliner. 

L’aboutissant principal de ces constats réside dans la nécessité pour les Chinois de trouver le juste chemin entre le développement économique, l’ouverture, et la conservation d’idéaux et cultures propres au PCC. 

A ce moment le confucianisme et ses valeurs familiales, du travail ainsi que de l’éducation au respect de la hiérarchie, pouvait assurer la prise en main de la politique interne sans contredire les aspirations économiques mondiales. En fait, le principal intérêt de ce retour idéologique est le facteur principal de stabilité, de « société de prospérité relative » (Deng Xiaoping). 

Economiquement le maoïsme reste un trouble et un passé noir pour les Chinois. Ainsi, le retard à rattraper économiquement doit passer par la prise du leadership asiatique. Cela fait, le confucianisme pourtant dissocié de ces derniers domaines et restreint à la politique sociale du pays, a dès les années 2000 été synonyme d’harmonie et gage sûr d’un marché porteur de perspectives. 

C’était la meilleure réponse à apporter aux modèles capitalistes occidentaux. 

Le monopole américain dans les domaines de la recherche, de la gestion, de l’informatique ou encore en médecine n’est plus. La Chine se veut le prochain monopole, l’hégémon d’une nouvelle ère qu’elle semble prévoir et prévenir. 

Des programmes structurels veulent d’ores et déjà concurrencer les occidentaux dans les domaines de l’intelligence artificielle ou encore de l’énergies renouvelables. Savoir-faire et technique confiné pour la plupart au sein des centres de recherche nationaux, les produits en la matière, si exportés par la Chine, assureraient à cette dernière un monopole quasi-immédiat.

Puissance scientifique donc, économique, militaire et industrielle, tous ces efforts de développements semblent vouloir liquider l’image d’atelier du monde donné et répandu par les occidentaux. 

Selon Xi Jinping tous ces redressements sont d’ordre politique et idéologique. La matrice de cet expansionnisme stratégique résiderait en l’instrument du PCC qui a su matérialiser un resserrage social sur la population et bannir toute forme d’initiative intellectuelle alternative à la pensée communément admise. 

Enfin, l’enjeu de ces données réside dans le choc à la fois théorique mais aussi politique entre un régime autoritaire et la mise en place de circuit propice à la circulation des capitaux. 

La puissance que veut devenir la Chine est-elle compatible avec son régime politique ? 

S’étendant jusque dans l’Océan Indien et en Afrique, la réponse semble à notre sens être positive. La sorte de guerre idéologique menée par Xi Jinping contre l’Occident passe par sa stratégie expansionniste déjà évoquée. 

« Les peuples chinois et africains nouent des rapports d’égalité, de sincérité et d’amitié, et se soutiennent mutuellement dans leur développement commun » ( Hu Jintao, 2002 )

Pour créer cette situation de rivalité avec l’Occident, la Chine a besoin de susciter le consensus notamment dans les régions précédemment évoquées. En Afrique par exemple un prêt de 20 Milliards a été accordé par les Chinois pour les Etats dans les domaines de l’agriculture ou encore les infrastructures. Les Chinois ne veulent pas paraître comme les anciennes puissances occidentales nourries par l’impérialisme et les financements de despotes. L’image que la « renaissance de Xi » ainsi que ses prédécesseurs ont voulu donner est celle d’un pays qui évite toute ingérence. 

Problématique difficile quand l’on sait que les Chinois sont dans une volonté d’indépendance vis-à-vis de certaines ressources mais qu’ils doivent par nécessité renforcer leurs liens avec les exportateurs de matières premières. Ces derniers sont majoritairement dans les faits des Etats à privilégiant que très peu le droit des populations sur leur sol. 

Dans cette logique d’approvisionnement, de leadership régional et de co-développement avait été pensée la Route de la Soie évoquée dans un précédent billet. Ce type de projet permet de mobiliser toutes les ressources au service de la politique Chinoise voulue comme le soutien des banques, sociétés nationales, mais aussi les services diplomatiques. Il s’agit du reflet rétréci du chemin effectué pendant les 200 dernières années par les Occidentaux. 

Point d’ombre sur le tableau, si les affaires économiques extérieures paraissent bénéfiques et bien menée, la gestion des affaires militaires sous l’ère Hu Jintao puis des affaires diplomatiques sous l’ère Xi Jinping au Soudan amène la Chine à rejoindre les Occidentaux dans leur soutien à l’égard des régimes autoritaires. 

Le régime soudanais d’Omar Al-Bachir accueille de nombreux investissements Chinois et ces derniers n’hésitent pas à bénéficier de l’ONU et fournir des armes au Soudan afin de protéger ses investissements. Politique menée par les occidentaux avec la majeure partie de leurs alliés économiques qui pour certains se révèlent être des dictatures. 

Au final le long discours de XI Jinping ce mardi 24 octobre semble proclamer non-pas une nouvelle ère idéologique et économique, mais bien l’accélération des précédentes vagues expansionnistes Chinoises et l’avènement d’une affirmation claire de leur puissance. Le ciblage idéologique précité ne sert que de cadre et d’axe délibérément mené de manière frontale envers les occidentaux. L’objectif est de couper ces derniers de leurs alliés « acquis » par les colonisations et stratégies économiques, en les regroupant sous une autre cause, une nouvelle ère.  

La Chine se veut être la réelle voie d’accès au développement pour tous ces pays à la croissance bridée et aux richesses inégalement réparties.

Mohamed-Amine Khamassi

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